Les vendredis de l'angoisse - Une Raison d'agir - EP 4

1/03/2014 09:00:00 PM Esteren 0 Comments

Pendant tout l'hiver, quoi de mieux que le feuilleton d'une petite nouvelle horrifique pour animer vos soirées auprès du feu ?

Chaque vendredi, à 21 heures, nous vous proposerons un nouvel épisode de la nouvelle "Une Raison d'agir" écrite par Iris, l'une des auteurs des Ombres d'Esteren. Cette nouvelle sera publiée dans un recueil nommé Hantises, à paraître en 2014. Vous retrouverez plus d'informations sur cette future publication ici.

Dans l'épisode précédent ...:

Les semaines se déroulèrent dans l’ennui et le silence. L’hiver vint, et la neige me parut une prison blanche, une vision de mort, morne et désespérante. Je me sentais prise au piège, presque emmurée, enterrée vivante. Dans cette prison où seule ma docilité m’avait enfermée, je passais de longues heures à étudier mes quelques livres. Sans la moindre distraction autre que le vol de mon ami le vautour qui planait souvent au-dessus des Hauts-Vents, j’avais le temps de chercher à résoudre les énigmes du langage occulte que je découvrais et apprenais péniblement. Les mystères de ce monde libéraient mon esprit. Chercher à comprendre l’étrange occupait mes pensées et m’évitait de trop m’apitoyer sur mon sort.

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Une Raison d'agir - épisode 4


Passé le solstice, les jours rallongèrent, et un varigal m’apporta la troisième lettre de Cethern. Il restait évasif sur ce qu’il avait entrepris mais semblait confiant, cela ne durerait plus très longtemps.

À la fin de l’hiver, la neige fondit sans que le début du printemps me parût apporter le moindre espoir de renouveau et de bonheur. Il me semblait que nous étions de nouveau en automne.



L’horizon était chargé de nuages noirs et le vent froid soufflait avec force, s’insinuant partout, sinistre messager sifflant. Dans la cuisine qui était devenue pratiquement tout mon univers, j’avais placé un vieux tapis enroulé contre le bas de la porte et j’avais cloué tant bien que mal un bout de toile cirée à la place d’un carreau brisé. Ce n’était pas la première tempête que j’affrontais dans ces montagnes. Le manoir des Hauts-Vents portait bien son nom.

Ce soir là, je m’interrogeais encore sur ce que je devais faire. Trop longtemps j’avais pris l’habitude d’obéir docilement sans poser de question et en faisant confiance à d’autres pour choisir ce qui était le mieux pour moi. Cependant il était patent que je ne pouvais plus continuer comme cela. Je n’allais plus rester ici abandonnée à me morfondre et mourir d’ennui. Même si je n’avais rien, je pouvais toujours marcher jusqu’à la capitale et trouver n’importe quel emploi de lettrée, scribe, copiste ou enseignante. Tout valait mieux que de me perdre là.

Le tonnerre roulait, assourdissant. Je restais près de mon feu à attendre en rêvant devant les flammes qui dansaient et crépitaient. Cette chaleur joyeuse et rougeoyante était toujours un réconfort durant les longues nuits. Au pire de l’hiver j’avais fini par dormir ici, à même le sol, blottie dans mes couvertures, me faisant l’effet d’une mendiante. Demain… Demain je ferais mes bagages. La perspective de traverser ces régions seule ne me mettait pas à l’aise, mais j’étais prise au piège, et plus j’attendais, plus il me serait difficile d’agir. Ce fut alors qu’on frappa à la porte. Ce n’était jamais arrivé, j’en restai stupéfaite. On insista. L’orage roulait, assourdissant. Qui ? Un villageois ? Pourquoi si tard ? Un varigal surpris par le mauvais temps ? Alors que je me résolus enfin à aller voir, mon visiteur commença à secouer la poignée de la porte qui fermait mal, comme tout le reste, et l’ouvrit d’un coup. Je vis une silhouette massive, noire, se découper dans la brève lueur des éclairs tandis que la pluie s’était mise à tomber à verse.


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Rendez-vous vendredi prochain à 21 heures !

Vous pouvez retrouver les épisodes précédents :

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